Combien de fois un Israélien, dans toute sa délicatesse, vous a-t-il demandé :
" pourquoi es-tu venu en Israël?''
Alors que tant d'Israéliens rêvent d'ailleurs ou même s'expatrient.
Nous représentons à leurs yeux une sorte d'énigme,
Da Vinci code à côté c'est du nougat .
Nous ne cessons de migrer en terre sainte, toujours plus nombreux
À la recherche de quoi? de nous-mêmes peut-être…
Leur question résonne encore en moi comme une nécessité de trouver une réponse, LA réponse.
Mais expliquer quelque chose qui parfois nous échappe c'est savoir d'avance que la conversation peut s'avérer longue, très longue.
Alors on a pris l'habitude d'abréger, on s'adapte à nos interlocuteurs, à la situation, au temps imparti.
Pour ma part j'ai mis au point un script type afin d'écourter les conversations, j'ai longtemps hésité avec une cassette pre enregistrée sur laquelle je n'aurai plus qu'a appuyé play.
Les Israéliens évoquent l'antisémitisme en France, celui la même qui nous pousserait à prendre nos bagages et a tout quitter.
Certes mais les vraies raisons sont tellement plus vastes...
Lorsque je présente aux Israéliens les raisons de mon " séjour prolongé "
Je les vois tour à tour admiratifs, dubitatifs, ou sceptiques…
À leurs yeux nous sommes ou courageux pionnier ou simple opportuniste
L'aliyah est-il la concretisation de nos rêves ou une sorte de fuite en avant?
Chacun a sa raison d'être là ;
jeune diplômé qui se cherche, famille voulant éduquer ces enfants en " Eretz " ", retraité au soleil, amoureux venus retrouvé leur moitié et des milliers d'autres.
Il y a des jours ou j'ai envie qu'on oublie que je ne suis par née ici, que mon accent disparaisse, que j'écrive un hébreu impeccable, que j'acquiere cette désinvolture, ce ''carpe diem'' ambulant.
Et l'instant d'après je cède à mes faiblesses : ma télé, mon internet, ma radio, mon téléphone chacun configuré dans la langue de Molière en me disant demain je m'y mets promis!...
